Menu
Libération

Devoir de mémoire contre risques de traumatisme.

Article réservé aux abonnés
Le mode d'enseignement du génocide à l'école divise les pédagogues.
publié le 23 septembre 2000 à 4h38

Un «enseignement» de la Shoah peut-il être entendu par les jeunes générations? Après la recherche historique se pose le problème de la transmission. «Il faudra une formation spécifique des maîtres à la méthodologie de l'enseignement au sein des IUFM», prévient un agrégé d'histoire, ancien conseiller de Jospin au ministère de l'Education nationale. Sur le terrain, une enseignante d'école primaire signale les obstacles: «Jusqu'à environ 8 ou 9 ans, les enfants abordent la réalité de façon symbolique. Il ne faut pas oublier que les scènes les plus horribles de "dévoration", dans les contes, font rire. Pour eux, c'est du virtuel. Ils ont même un certain goût pour ces situations horribles.» A l'opposé, vers 17 ans, on ressent avec angoisse des événements pourtant moins insoutenables que la Shoah.

Traumatisme moral. Au nom du devoir de mémoire, ne risque-t-on pas de mettre en danger des esprits fragiles? Comme le suggère le livre de Levine et Bruchfeld, parler de la Shoah, c'est laisser se propager les échos de la plus angoissante des expériences humaines. Mais comment faire comprendre à des gamins que la déshumanisation est un produit de la civilisation? La philosophe et spécialiste de la pédagogie Emma Shnur, directrice de la revue l'Ecole en débat, écrivait récemment: «C'est une analyse complète de toute la période qui s'ouvre avec la guerre de 14 pour aboutir au IIIe Reich qui est requise. Ce n'est pas seulement la politique d'extermination mais l'ensemble des temps modernes qu