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Libération

Les Ciments blanchis du délit d'initié

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Les financiers et les cimentiers de l'OPA de 1990 sont relaxés.
publié le 23 septembre 2000 à 4h39

L'affaire des Ciments français s'est achevée vendredi en eau de boudin. Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé une relaxe générale en faveur des sept prévenus poursuivis pour délit d'initié. L'instruction judiciaire, menée tambour battant par Eva Joly, avait pourtant fait grand bruit, mettant en cause, non seulement des dirigeants cimentiers, mais aussi des financiers prestigieux comme Nicholas Clive-Worms (président de Worms & Cie), Claude Pierre-Brossolette (ancien président du Crédit Lyonnais) ou Jean-Luc Lépine (ancien secrétaire général de la Commission des opérations de Bourse). Seul Francis Bouygues, décédé entre-temps, manquait à l'appel.

Pelote. Durant l'été 1990, les dirigeants des Ciments français (filiale de Paribas) avaient profité du rachat des Ciments belges pour constituer une caisse noire en Suisse: une banque du groupe Worms avait discrètement racheté des titres à bas prix auprès d'actionnaires minoritaires, avant de les revendre trois mois plus tard au prix fort, lors de l'OPA lancée officiellement. Il était convenu dès le départ que la plus-value (80 millions de francs) viendrait garnir le compte suisse des Ciments français. Elle permettra finalement à Francis Bouygues, proche de la famille Worms, de justifier le rapatriement de sa propre pelote. Les faits sont établis, mais comment les qualifier pénalement? En choisissant de poursuivre les intéressés pour délit d'initié, l'acte d'accusation a loupé son coup: la transaction litigieuse s'est déroulée