A la première heure de classe, un Pokémon dessiné dans une posture obscène a atterri sur le bureau du nouveau. Il s'est retourné, ennuyé. Il a demandé calmement: «Qui a envoyé ça?» Ça, c'est un cadeau de bienvenue. Il se met souvent seul. Tantôt derrière, tantôt devant. En musique, ses copains entonnent Ce n'est rien de Julien Clerc. Il n'ouvre pas la bouche. La prof vient le voir et lui glisse discrètement:
«Je ne veux pas qu'il y en ait un qui ne chante pas.» Le nouveau prétexte un mal de gorge. En EPS, après être passé aux vestiaires pour des prunes (le jour où il y a gym, tous les élèves arrivent en tenue), il avait l'air de se sentir plus à l'aise.
Sur le bitume du collège, il s'est attiré
un compliment d'une fille: «Il court vite, lui.» Il a souri. En a rajouté dans le personnage du sportif essoufflé qui a entendu qu'il courait vite et à qui l'éloge fait plaisir. Avec le sport, il a un peu repris confiance. Plus tard, il parlera à Steve assurément le plus fort sur le terrain de son cousin, un ancien du PSG, aujourd'hui dans un club portugais. Avoir un cousin professionnel dans sa poche, ça aide à l'intégration.
Le prof de gym est nouveau, lui aussi. Il le dit: «Je ne sais pas sur quelles installations on va travailler. Je vous demanderai des petits services, vous connaissez mieux les équipements que moi.» Il demande, mais, rapidement, reprend la main. Ceux qui feront «les marioles pendant l'escalade seront sanctionnés, ça les fera réfléchir». Réfléchir... En gym, c'est