Le délit de manipulation mentale va-t-il entrer dans notre code pénal? Les députés sont pour et l'ont inscrit dans une proposition de loi «antisectes» votée à l'unanimité en juin dernier. Mais l'initiative a suscité un vif émoi, non seulement dans les groupes visés l'Eglise de scientologie en tête mais aussi dans les congrégations religieuses les plus établies et parmi les juristes et experts psychiatres. Avec ce texte, la liberté de conscience et d'association serait menacée, disent-ils. La ministre de la Justice, Elisabeth Guigou, en a déduit qu'il fallait mener «une réflexion complémentaire» avant que le texte entame sa nouvelle navette Sénat-Assemblée, début novembre. Et elle a sollicité l'avis de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Cette instance présidée par Pierre Truche, ancien premier président de la Cour de cassation, a rendu son analyse cette semaine: «La création d'un délit spécifique de manipulation mentale ne nous paraît pas opportune.»
Liberté fondamentale. Avant d'en arriver à cette conclusion, la CNCDH estime pourtant que la proposition de loi telle qu'elle a été votée «respecte la liberté fondamentale de pensée, de conscience et de religion». En effet, constate la commission, le texte ne prévoit pas de réprimer «la simple appartenance à un groupement qui poursuit des activités ayant pour but ou pour effet d'exploiter la dépendance psychologique et physique des personnes qui participent à ces activités». Contrairement à ce