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Branle-bas de combat: on attend les «sans-nous»

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publié le 29 septembre 2000 à 4h51

C'est assez rare pour être signalé. Il va peut-être se passer quelque chose aujourd'hui. On annonce une manifestation de «sans-nous» devant la caserne, ces sursitaires qui ne veulent pas être «les derniers des cons». Ça tombe plutôt bien, je suis de garde à l'entrée, de 7 heures à 19 heures. D'habitude, je m'y ennuie. Ce matin, on me répète dix fois, vingt fois, les consignes: «Tu fermes la grille après chaque passage, et tu donnes l'alerte au premier rassemblement suspect. Un gars des Renseignements est là, au cas où...»

Des déserteurs, j'en vois souvent (la gendarmerie continue à en ramener menottes aux poings), pas des «sans-nous». Dehors, un jeune, en complet noir, portable à la main, m'interpelle à travers la grille. «Il y a bien une incorporation, ce matin?» C'est mon premier «sans-nous». Je lui réponds que oui. Le chef de corps nous a vus. Comme je n'ai pas le droit de communiquer avec l'extérieur, je dois lui rendre compte. Il accepte mes explications confuses, faute de mieux... Nous regardons le «sans-nous» téléphoner. Quelques minutes plus tard, une voiture de France 3 se gare à cheval sur le trottoir d'en face, accueillie par le «sans-nous». Branle-bas de combat dans la caserne. La télé repart au bout de cinq minutes à peine. 8 heures: toujours pas de manifestants en vue. J'attends dans ma guérite. Pour tout dire, je n'aime pas spécialement les «sans-nous». C'est l'uniforme qui veut ça, peut-être. Et la frustration qui va avec. Ici, le conditionnement et le service