Est-ce pour se sentir les mains plus libres dans les centres de rétention? Le ministère de l'Intérieur projette en tout cas d'en faire sortir la Cimade, la seule ONG présente. Et de fait, le seul contre-pouvoir. Un décret en préparation précise les modalités de cette exclusion.
Aujourd'hui, seule la Cimade est autorisée à se rendre dans ces lieux qui accueillent les clandestins en instance d'éloignement. L'association y assure depuis 1984 une mission d'accompagnement social et juridique. Or, l'article 9 du projet de décret chamboule cette organisation. Il prévoit que les étrangers bénéficient «d'un accompagnement social comprenant notamment des actions d'accueil, d'information et de soutien psychologique et moral». Rien de juridique. Le texte ne mentionne pas la garantie d'un bon exercice des droits des retenus. Seule une mission sociale est prévue. Confiée de surcroît à l'administration: «Pour la mise en oeuvre de cet accompagnement social, l'Etat dispose de l'OMI (l'Office des migrations internationales).» Ce qui aboutit à l'éviction de la Cimade.
Droits des étrangers. Le recours à une ONG devient optionnel: «L'Etat peut en outre, pour contribuer à l'accomplissement de cette mission, passer convention avec une association à caractère humanitaire.» Laurent Giovannoni, le responsable pour la Cimade des centres de rétention, s'insurge. Selon lui, des intervenants extérieurs sont indispensables pour garantir l'aide aux droits des étrangers et aussi la présence d'«un témoin libre