Caen envoyée spéciale
La pédophilie est-elle soluble dans le silence? Hier, au troisième jour du procès de l'abbé René Bissey, poursuivi devant la cour d'assises de Caen pour viols, atteintes sexuelles et corruptions de mineurs, les ecclésiastiques du Calvados ont implicitement répondu. Oui. A cause de la lâcheté organisée en système et grâce à deux secrets: celui de la confession et celui, plus discutable, du secret professionnel.
On l'attendait avec impatience. Des cohortes de vieilles dames en sont presque venues aux mains pour entrer dans une salle d'audience déjà bondée. La déposition de l'évêque de Bayeux, Pierre Pican, hier, en fin d'après-midi, était le point d'orgue d'un procès ô combien délicat pour l'Eglise catholique. Car l'évêque, supérieur hiérarchique de René Bissey, fut averti dès janvier 1997 des pratiques pédophiliques de son curé; soit un an et demi avant qu'une ancienne victime porte plainte. Mais le prélat n'a rien dit à la justice, ce qui lui vaut par ailleurs d'être poursuivi pour non-dénonciation de crimes l'instruction suit son cours. Hier, il était entendu comme témoin.
Discours pompeux. Cet homme massif, aux cheveux blancs coupés en brosse et aux sévères lunettes, arbore une chaîne dorée au bout de laquelle pend une énorme croix. Qu'a-t-il à déclarer? «Dans le souci de mes droits de défense, je crains que je ne pourrai pas répondre sur la connaissance que je pourrais avoir des faits reprochés à René Bissey.» Propos emberlificoté, le reste est à l'av