Et puis Michel Charasse a baissé le pouce. Ministre du Budget en 1993, c'est lui qui a déclenché le redressement fiscal de la Compagnie générale des eaux (rebaptisée Vivendi) pour toutes les sommes versées au Gifco, signant l'arrêt de mort de ce bureau d'études proche du PCF. Charasse a toujours refusé de s'en expliquer devant la justice, pas plus durant l'instruction qu'au troisième jour du procès. «Sa vision de la séparation des pouvoirs est extrêmement large», souligne la présidente de la 11e chambre correctionnelle de Paris. «S'agissant d'un parlementaire, nous n'aurions pas pu le contraindre physiquement.»
Dès 1984, un petit inspecteur des impôts avait tenté de redresser la CGE. L'affaire était remontée au plus haut niveau. Un chef du contentieux est formel: l'abandon des poursuites a été décidé par le directeur des impôts ou par le ministre. Henri Emmanuelli, à l'époque secrétaire d'Etat au Budget, n'a pas le souvenir d'être intervenu... Jean-Dominique Deschamps, dirigeant de la CGE poursuivi pour trafic d'influence, émettrait presque un regret: «Si on avait été redressés, j'aurais immédiatement cessé de faire travailler le Gifco.» Durant l'instruction, un responsable du fisc a benoîtement reconnu qu'«à l'époque, la notion de corruption n'était pas d'actualité», même si tout le monde savait que le Gifco était lié au PCF. La doctrine en vigueur, qui ne vaut pas seulement pour les communistes, mais qui fut formalisée à cette occasion, tolère les versements illicites à co