Les Américains sont-ils allés trop loin? Question à René Frydman. «Coauteur» du premier bébé-éprouvette français, Amandine, il est chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Béclère à Clamart, où est installé l'un des trois centres agréés en France pour le diagnostic préimplantatoire (DPI), technique qui permet de sélectionner génétiquement un embryon avant son transfert in utero. René Frydman est également conseiller du ministre de la Recherche.
Auriez-vous accepté de «faire» Adam?
Nous avons précisément été confrontés à un cas similaire, il y a trois semaines. Les parents de trois enfants, dont un de 6 ans atteint d'une leucémie rebelle à tout traitement, ont demandé notre aide. Une greffe de moelle osseuse ou de cellules de sang de cordon pouvait sauver leur enfant. Mais ils ne trouvaient pas de donneur compatible. Par ailleurs, ils voulaient un quatrième enfant. Ils souhaitaient donc l'avoir par fécondation in vitro, avec un DPI qui garantirait que l'enfant issu de l'embryon transféré fournirait des cellules immunocompatibles. Je suis sensible à la détresse de ce couple, mais je suis en interrogation. Je redoute la responsabilité que l'on fait porter à cet enfant. Et si la greffe échoue... D'autre part, cela me gêne que cet enfant ne soit pas vu en tant que tel mais en tant que sauveur d'un autre. La question pose un débat éthique délicat.
Qu'avez-vous répondu à ce couple?
C'était, en pratique, simple: la loi de bioéthique, qui doit être rediscutée au Parlement,