Le constructeur détient le record du monde de fidélité. Sur 100 propriétaires de Citroën, 85 choisissent encore le chevron quand ils changent de voiture. Seulement voilà, le citroëniste se fait vieux: 58 ans en moyenne. Et quand sa marque chouchou conçoit une voiture pour lui, elle ne s'autorise aucune extravagance. Il lui faut du confortable, du sage, du connu. La nouvelle C5 lui donne ce qu'il cherche. Tant pis si quelques sexagénaires dynamiques sont à la recherche d'une carrosserie grain de folie. Ils n'auront qu'à s'en aller voir chez ces zazous de Renault. La nouvelle Citroën est destinée à remplacer à la fois la Xantia et la XM, sans faire de vagues au moment de sa commercialisation, au mois d'avril prochain.
Triste coque. «On a tout de même cherché à lui donner un aspect "monocorisant"», jargonne Jean-Pierre Ploué, directeur du centre de style maison. C'est la seule concession de la très classique berline: une hauteur un rien plus importante que ses prédécesseurs, histoire de rappeler que l'époque est au monospace. Sinon? Rien. Un zeste d'anodin qui pourrait sortir des bureaux d'études Toyota. Il faut observer la planche de bord pour rappeler les audaces qui ont marqué l'histoire de Citroën. De la console aux cadrans, les courbes se croisent de partout, d'une manière totalement gratuite. Mais vu la tristesse de la coque, c'est Flaminio Bertoni qu'on assassine, l'homme qui a dessiné la 2CV, la traction et la DS, décédé en 1975.
Bien sûr, l'auto est bourrée de qualités.