La sexualité des adolescentes reste un «tabou» pour les adultes, fussent-ils députés, de droite comme de gauche. Certes, une large majorité de tous bords (1) a adopté hier en première lecture la proposition de loi socialiste sur la pilule du lendemain et en particulier sur sa délivrance aux mineures par les infirmières scolaires. Mais ce vote a été obtenu après quatre heures d'un débat où la quarantaine d'élus présents, dont plus de «60 % de femmes», selon Roselyne Bachelot (RPR, Maine-et-Loire), ont tous démontré leur malaise. Dans le refoulé à droite ou l'angélisme protecteur à gauche.
Autorité parentale. Ce texte, soutenu par le gouvernement, prévoit, pour toutes, la vente libre en pharmacie. Et, pour les élèves, la distribution en urgence dans les collèges et les lycées après un rapport sexuel non ou mal protégé. Sans prescription médicale et sans autorisation préalable des parents. De quoi énerver Christine Boutin (apparentée UDF, Yvelines) et Philippe de Villiers (MPF, Vendée) qui partent dans l'amalgame entre pilule contraceptive et abortive. «Vous lancez une guerre chimique contre l'enfant à naître», ose le député de Vendée. Plus modérée mais aussi imaginative, Marie-Thérèse Boisseau (UDF, Ille-et-Vilaine), évoque alors de supposées carences de l'éducation sexuelle des adolescents, réduits à «se livrer à des rapports solitaires contre-nature» ou à «lire des ouvrages vicieux». La même livre, juste après, une curieuse clé de son embarras, en signalant que «les paren