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Libération
Interview

«Des étudiants demandeurs de repères».

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publié le 9 octobre 2000 à 5h11

Historien et cofondateur du Groupe d'études et de recherches sur les mouvements étudiants, Didier Fischer publie aujourd'hui la première Histoire des étudiants en France (1). Panorama d'un milieu hétérogène en pleine mutation.

L'histoire des étudiants en France n'avait jamais été écrite?

Pas en tant que telle, et je me suis demandé à quoi tenait cette indifférence. Des collègues m'ont dissuadé de travailler sur ce sujet, jugé secondaire. C'est un double paradoxe: d'abord de la part d'enseignants qui ont affaire quotidiennement à des étudiants, ensuite de la part d'historiens ­ les étudiants ont été intimement mêlés à l'histoire politique et sociale de la France depuis cinquante ans. On y vient quand même à travers l'intérêt que suscitent les trajectoires de nos hommes politiques.

Conséquence imprévue de l'affaire de la Mnef?

En un sens, oui. Mais pas seulement: les mouvements étudiants constituent un vivier de formation important, ils contribuent à la prise de responsabilité. Ce n'est pas récent: sur 380 membres du bureau de l'Union nationale des étudiants de France entre 1945 et 1968, 10 % ont fait une carrière politique.

Mais c'était l'âge d'or du syndicalisme étudiant, qui cogérait alors les universités avec l'Etat...

Méfions-nous de ce mythe: la période de véritable cogestion des oeuvres sociales ne dure pas longtemps. Dès le début des années 60, de Gaulle y met un terme pour sanctionner l'engagement algérien de l'Unef. Prenez l'exemple des restaurants universitaires: dès cett