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Libération

«Voilà un zozo qui empoisonne le monde et rigole ici».

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publié le 9 octobre 2000 à 5h10

Tribunal correctionnel

de Nanterre

On n'entend rien. Ni le prévenu qui marmonne. Ni la présidente qui ordonne en murmurant: «Parlez fort, personne ne vous entend.» Mourad comparaît, libre, pour une affaire, qui remonte à deux ans, de fausses cartes grises, de faux papiers. Il est ingénieur commercial, il est chic. «Madame le greffier ne vous entend pas», chuchote la présidente. «Le procureur non plus!» tonne le procureur. Mourad saisit le micro. «Touchez pas ça, mon vieux, intervient le procureur, vous allez vous électrocuter!» On finit par comprendre qu'un Michel qui tiendrait une casse sur la RN7 avait proposé l'affaire à Mourad. «Au début, dit Mourad, je ne savais pas que c'était pour faire des faux, il y a eu toute une progression.» La juge remarque: «Quand on voit l'importance des pièces saisies, on pense à un trafic.»

Le procureur grommelle. «Je suis embêté, je n'ai pas tout entendu, la sono est cassée et il n'a pas de voix. En fait, il nous la joue a minima, il se dit "je ne vais pas trop en dire".» Il se moque. «Quand on se prétend ingénieur commercial, il faut du coffre! Eh bien, il ne doit pas vendre grand-chose! Et ce n'est pas parce qu'on bredouille devant le tribunal qu'on n'a pas un bon niveau de délinquance!» L'avocat de Mourad grince: «S'il était bon à l'oral, il serait avocat ou magistrat du parquet et non ingénieur!» Il rit. «Ainsi les policiers n'ont jamais trouvé la casse de Michel! C'est merveilleux, sur la RN7, il n'y a que ça!» Dans le couloir en attendan