Quand elle a alerté le procureur de la République de la disparition de son mari, la semaine passée, la femme d'Yves Bonnet ne savait pas tout. Avant de s'évanouir dans la nature, l'avocat toulousain avait appelé sa banque pour transférer quelques économies sur le compte de son épouse. C'est pourquoi, après l'avoir inscrit au fichier des personnes disparues, les enquêteurs du SRPJ se font un peu moins de souci quant au sort de l'homme de robe.
Jusque lors, l'affaire était jugée «sensible» : Yves Bonnet n'est pas un avocat comme les autres. Avant d'ouvrir un cabinet à Toulouse, en 1995, ce juriste de 45 ans avait été juge d'instruction dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il fut ainsi l'un des magistrats du dossier Céline J., fillette de 7 ans violée et assassinée à La Motte-du-Caire en juillet 1988. Un dossier sulfureux. En 1990, des pierres ont plu sur les vitres du palais de justice de Digne quand Bonnet a délivré un non-lieu à Richard Roman, désigné coupable par la rue. Avant que la justice ne l'innocente deux ans après. Le parquet ayant entre-temps fait appel de sa décision de non-lieu, le goût de la magistrature a peut-être semblé amer à Yves Bonnet. D'où son installation à Toulouse et son changement professionnel.
Selon ses confrères, l'avocat était «discret». Un «homme de principe, agréable à fréquenter professionnellement». Qui ne ressassait pas ses vieilles histoires. Ni sa vie présente. Lorsqu'il a quitté Toulouse pour Chambéry, où il devait plaider le 2 octobre, Yves Bo