Lille envoyé spécial
Un panneau «Interdit au public» sur une porte grise au fond d'un couloir. Un autre corridor. Enfin, le service communication de l'Université des sciences et technologies de Lille (USTL). Pas de doute, l'université chouchou des médias pour son travail de rénovation des études de sciences n'a pas trouvé la gloire à coup de dossiers de presse rutilants. Elle cultiverait même une modestie presque coquette. Professeur de physique et initiateur de la réforme du premier cycle de sciences de la matière (SM), Jean Di Persio refuse d'ailleurs les lauriers: «Deux ans d'expérience, c'est trop court. Je constate que nous avons endigué la baisse du nombre d'inscrits. Mais on ne remonte pas encore la pente.» Prudence légitime: la filière SM (1) est passée de 6 088 à 4 115 étudiants entre 1993 et 1999 et cette désaffection n'est que l'expression lilloise d'un phénomène international (2) qui touche aussi les autres filières universitaires scientifiques. Seul le «i» magique d'«ingénieur» ou d'«informatique» fait toujours recette. En dehors, les étudiants désertent les sciences.
Les explications ne manquent pas: perte de confiance dans le progrès scientifique, sentiment confus que la science a sa responsabilité dans les problèmes d'environnement (pollution...), attractivité des écoles de commerce, méconnaissance des débouchés, faiblesse relative des salaires des scientifiques de haut niveau dans le secteur public, stratégies d'évitement des premiers cycles universitaires no