Toulouse de notre correspondant
Samedi, il y a huit jours, la bâtonnière de l'ordre des avocats de Toulouse se disait «inquiète» de la disparition de son confrère Yves Bonnet. Cinq jours plus tard, elle ouvrait une information disciplinaire à son encontre. L'ex-juge d'instruction de Digne, devenu avocat à Toulouse en 1995, se serait envolé avec l'argent de ses clients.
La disparition d'Yves Bonnet, parti plaider à Chambéry (Savoie) le 3 octobre, n'est pas passée inaperçue. En 1990, l'homme, alors juge, avait instruit une affaire de viol et de meurtre sur une fillette. Puis il avait conclu au non-lieu pour Richard Roman, acquitté depuis, mais que la rue tenait pour coupable. Des manifestants s'en étaient pris au palais de justice de Digne, et le parquet avait mis en cause sa décision. Le temps est passé, mais son cas pouvait encore être jugé sensible.
A la lecture de la presse relatant la disparition de leur avocat, quelques clients toulousains se sont inquiétés. Qu'allait-il advenir des sommes gagnées avec leur défenseur Yves Bonnet lors de différents procès au titre des dommages et intérêts. L'ordre toulousain des avocats s'est rapidement rendu compte du drôle de chemin d'un de ces chèques. Plutôt que d'être crédités sur le compte de la Carpa (la caisse professionnelle commune des avocats), 70 000 F avaient ainsi rejoint le compte personnel de Bonnet. «J'ai la preuve formelle de ce détournement de fonds, indique la bâtonnière, Monique Brocard. Et j'ai des soupçons sur d'autres