Tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine)
Dans le box, Alain est tout rouge. «Vous avez été interpellé à 5 heures du matin après avoir brûlé un feu rouge à moto, lit la présidente. A votre haleine, à votre attitude, les policiers se sont rendu compte qu'il s'agissait d'une conduite en état alcoolique.» Alain semble honteux: «J'ai un problème d'alcool, j'accepte avec plaisir d'être suivi médicalement.» La juge relève le nez: «Ce suivi a déjà été ordonné par le tribunal correctionnel il y a neuf mois, avec un effet très net!» Et la magistrate de poursuivre: «De plus, vous aviez alors bénéficié d'un permis blanc, à utiliser exclusivement pour votre métier.» En fait, Alain a été arrêté sur une mobylette. Il s'étonne: «Je ne savais pas qu'il fallait un permis!»
Le procureur tend le bras vers le box: «Regardez bien cet homme. Vous avez devant vous un miraculé du carnage routier! Alors, que fait-on? On attend patiemment qu'il finisse haché comme de la viande à chat ou qu'il déchiquette quelqu'un? Vous devez protéger la société de cet individu, le placer en détention et lui confisquer son engin!» L'avocat raconte la vie d'Alain. Il était toxico, il est devenu alcoolique. Il vit depuis dix ans avec sa compagne. Elle ne travaille pas, lui est coursier depuis deux mois. Expulsés de leur appartement, ils vivent à l'hôtel avec leurs deux enfants. «Donnez-lui une dernière chance, une dernière fois!», supplie l'avocat. Six mois, dont trois avec sursis, et mise à l'épreuve. «Il faut