Ils se sont rassemblés pour le souvenir. Et pour rien d'autre. «Pas d'amalgame!», assène un Algérien à un jeune qui confond Palestine et Algérie, victimes de Gaza d'aujourd'hui et morts parisiens de la nuit du 17 octobre 1961. «On ne détourne pas un recueillement. On est ici pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour l'Algérie», répète cet homme qui refuse de se faire voler la mémoire de cette nuit occultée pendant des années. Sur le Pont-Neuf, plusieurs centaines de personnes Algériens de la vieille génération, femmes ou militants se sont rassemblées. Certains ont une rose à la main et la jetteront dans la Seine où des corps furent jetés après la manifestation du 17 octobre 1961.
«Ce jour-là, j'ai vu des matraques cassées en deux à force de coups», se souvient ce viel homme de 67 ans qui s'était caché sous des escaliers. «On a été massacrés», se rappelle un autre. «Les policiers embarquaient tous les basanés», dit une quadragénaire, rapportant le récit de son père. Yasmina, une autre manifestante d'origine algérienne, n'a découvert ce drame que récemment: «Je n'en ai rien su, ni par ma famille, ni par l'école. C'est une histoire qui n'est jamais racontée.».
Hier, les manifestants réclamaient justement un accès plus large aux archives. Quinze jours après le refus opposé par la préfecture de police de Paris à l'historien Jean-Luc Einaudi. Selon ses estimations, les policiers de Papon auraient fait cette nuit-là 200 morts et non pas 3 comme le prétend le bilan officiel.