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Libération

«Après la bière, ils l'ont jeté à la mer».

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publié le 19 octobre 2000 à 5h33

Rouen envoyée spéciale

Flash-back hier à la cour d'assises de Rouen: voilà dix ans, le 18 juin 1990, un jeune métis, James Dindoyal, 24 ans, Mauricien sans papiers, a marché sur la plage du Havre et sonné au hasard à la porte d'un médecin. Ce garçon, «trempé», qui, selon le docteur, «se tord de douleur, la bave aux lèvres», ne souffre pas d'une crise d'épilepsie. L'hôpital a détecté des «brûlures externes et internes dues à des éléments caustiques».

A ces mots, l'un des deux accusés présents dans le box, Joël Giraud, 32 ans, commente sans y être invité: «Ce qui est tout à fait particulièrement ignoble.» Son comparse, Régis Kerhuel, 35 ans, hoche la tête. Encore conscient, James Dindoyal explique au docteur Colas qu'il a été «agressé par plusieurs personnes», «forcé à boire de la bière avec un produit dedans», «dévalisé de son argent» puis «poussé de la falaise». Sa montre s'est arrêtée à 21h35. Le Mauricien a été opéré de l'estomac, de l'oesophage puis a succombé à ses blessures quinze jours après l'ingestion du poison.

Témoin par ras-le-bol. A l'époque, la police secoue le milieu skinhead local en quête de renseignements. En vain. Jusqu'aux révélations, sept ans plus tard, de Michel Huquet, qui frayait avec les rasés en 1990. A la barre, Michel Huquet, charpentier, costume noir et chemise blanche, raconte qu'il a parlé par ras-le-bol: «J'avais témoigné au procès de David Beaune [qui a jeté un Tunisien dans le port du Havre en avril 1995, ndlr], et après j'avais tout le temps p