C'est autour du professeur Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l'hôpital Bichat de Paris, qu'a été réalisée en juin la première thérapie cellulaire pour pallier les insuffisances cardiaques d'un patient de 72 ans (Libération d'hier). Des cellules souches ont été prélevées sur un muscle du patient pour être ensuite greffées sur une partie du muscle cardiaque, détruit après plusieurs infarctus. Philippe Menasché est un chirurgien discret. Il a su coordonner autour de lui une équipe pluridisciplinaire, manifestement très efficace. Il revient sur cette innovation thérapeutique majeure.
Depuis sept ans que vous y travaillez, quelles ont été les étapes de l'élaboration de cette thérapie cellulaire?
Le gros travail a été avant tout expérimental. Il a fallu tester le projet d'injection de cellules sur le rat d'abord, puis sur la souris, sur le mouton ensuite. Au départ, nous avons travaillé sur une thérapie cellulaire allogène, c'est-à-dire à partir de cellules étrangères à l'individu. Ainsi, sur le mouton, nous avons utilisé des cellules cardiaques recueillies à partir de foetus. Puis nous les avons injectées. Cela marchait très bien. C'était une démarche logique, puisque les premiers essais de ce type de greffes cellulaires avaient eu lieu dans le cas de la maladie de Parkinson. Mais en discutant avec nos collègues, nous nous sommes rendu compte que cela posait des problèmes d'approvisionnement et d'éthique délicats: recueillir des cellules foetales, ce n'est pas simple. Et pu