Quelques caves se rebiffent. Une bande de paysans (92 au dernier pointage, mais, par un prompt renfort des six coins de France, ils devraient bientôt franchir la barre des 100) a assigné le Crédit agricole en justice. Il ne s'agit pas d'un banal problème de surendettement la banque verte est coutumière de ce genre de procédure et n'hésite pas, souvent même, à saisir les biens des agriculteurs, qu'ils soient ou non désespérés.
Cette fois, ces paysans en colère mettent en cause jusqu'à l'existence juridique de leur banquier. Leur assignation réclame tout simplement la dissolution des 53 caisses régionales du Crédit agricole, pour en finir avec ces banquiers qui font la loi dans les campagnes, réservant selon eux leurs faveurs aux membres du réseau FNSEA.
«Il faut nous dire si on est en république ou en monarchie. Sinon, on range les décrets, on sort les fusils et on danse.» Alain Baranger, qui prononce ces fortes paroles, est agriculteur dans le Loiret. Meneur de la fronde, il a pris l'habitude de potasser le code rural en conduisant son tracteur. Plutôt que d'incendier le siège de l'agence locale de la banque, Baranger préfère utiliser le droit comme un canon. Pas de quartier: le Crédit agricole, tel qu'il existe (une coopérative officiellement contrôlée par ses sociétaires; dans les faits, le pouvoir est confisqué par l'appareil), doit disparaître. Avec quelques éclopés, il a créé un syndicat, Verte France (1), doublé d'un Comité d'évaluation de l'exception mutualiste. Son s