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Libération

En Thaïlande, «j'étais une crapule».

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Le premier procès d'un touriste français accusé d'agression sexuelle sur une fillette a commencé hier aux assises de Paris.
publié le 20 octobre 2000 à 5h35

«Je suis descendu en enfer.» L'homme sanglote dans le box de la cour d'assises de Paris, où il comparaît depuis hier pour viol sur mineur. A l'autre bout du monde, en Thaïlande. C'était à Pattaya, une ville qui est «au sexe ce que Las Vegas est au jeu», dit un policier, une ville «pour aller plus loin», dit Amnon Chemouil, 48 ans. Un jour de février 1994, il est allé jusqu'à la fellation pratiquée sur lui par une fillette dans une chambre d'hôtel. Tarif: 150 francs. Peine encourue: vingt ans de réclusion (1).

La scène avait été filmée par un Suisse rencontré sur la plage, et c'est l'arrestation de cet homme-là, suivie de ses aveux, qui ont permis aux autorités helvétiques de transmettre le dossier à la brigade des mineurs de Paris ­ en vertu d'une nouvelle législation de coopération policière. Interpellé en juillet 1997, Amnon Chemouil, employé à la RATP, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire huit mois plus tard. Son procès, le premier du genre en France, est aussi celui du tourisme sexuel. D'autant que la victime est là, voyage payé par l'Unicef, qui s'est constituée partie civile avec trois autres organismes d'aide à l'enfance. Menue, les cheveux tirés en queue de cheval, la jeune fille à peine majeure fait timidement face à un accusé contrit, au crâne rasé et en col roulé.

Aucune expertise. Mais cette histoire, pour exemplaire qu'elle paraisse, comporte des zones d'ombre. Sur l'identité exacte de la victime, retrouvée par une association thaïlandaise en 1999 alors