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Libération

Douze semaines de prison pour une hallucination collective.

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Formellement reconnus par un policier et par les victimes, quatre jeunes Toulousains ont en fait été innocentés par l'aveu des vrais coupables.
publié le 21 octobre 2000 à 5h37

Toulouse de notre correspondant

Le sous-brigadier Pechalrieu était pourtant formel: depuis quatre ans qu'il évolue dans le quartier en tant qu'îlotier, il les avait identifiés «sans équivoque» possible. C'était bien Sofiane, Amar, Hamou et Nordine qu'il avait vus cette nuit du 28 au 29 juin 2000 décharger des cabas rouges et un scooter d'une BMW noire emboutie à l'arrière. La BMW en question avait effectivement été volée et utilisée comme voiture-bélier pour des casses dans la grande banlieue toulousaine. Sauf que les quatre beurs épinglés n'étaient apparemment pas dans le coup. Que, en attendant, ils ont passé leur été à la prison Saint-Michel. Et que, depuis, la menace d'une plainte pour dénonciation calomnieuse plane sur le commissariat de police de proximité de la Reynerie, dans le quartier du Mirail.

Victimes formelles. Mais l'affaire ne se résume pas au témoignage contesté de l'agent. Les propriétaires de la BMW sont eux-mêmes venus reconnaître leurs «agresseurs» lors d'un tapissage organisé le 4 juillet au commissariat central de Toulouse. Ils ont même formellement identifié celui qui les avait menacés d'un couteau pour leur chiper le véhicule. Le 12 septembre, ces mêmes propriétaires ne sont déjà plus aussi sûrs de leurs souvenirs: «J'ai fait le vide dans ma tête pour oublier cette nuit» de cauchemar, se défausse l'un d'eux. Il faut dire qu'entre-temps quatre autres beurs du quartier sont venus innocenter les quatre premiers, en avouant le vol de la voiture et les cass