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Libération

Le greffé veut être amputé

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publié le 21 octobre 2000 à 5h39

On lui avait greffé la main d'un autre. Il ne la supporte plus. Clint Hallam, le Néo-Zélandais de 49 ans premier allogreffé de la main, souhaite être amputé, a indiqué vendredi à Lyon le Pr Jean-Michel Dubernard, qui avait opéré cette première mondiale le 23 septembre 1998 à Lyon. «Lorsque je l'ai vu, en août dernier, il m'a dit: "Il faut m'amputer de la main."» Le praticien réagissait à une interview publiée le même jour par le quotidien anglais Times, où son patient déclare: «J'ai réalisé qu'après tout ce n'était pas ma main. Si c'est ce que je dois avoir pour le reste de ma vie, alors je préfère ne pas l'avoir.» Clint Hallam, qui s'était scié la main dans l'atelier d'une prison où il purgeait une peine pour escroquerie, explique sa requête par ses difficultés à supporter les effets secondaires du traitement antirejet: il dit avoir souffert de diarrhée, de diabète et se sentir sous la menace constante de maladie comme la grippe, «pouvant évoluer en pneumonie mortelle». Mais, en août, le Pr Dubernard refuse de l'amputer: «Il y avait des signes minimum de rejet mais réversibles. [...] Il n'existait aucun élément, malgré un non-respect du traitement depuis le mois d'avril, permettant de penser que sa main était foutue ou sa vie en danger.» La loi française garantit l'intégrité du corps humain, et l'amputation est impossible. Le Pr Dubernard décrit son patient comme «un pionnier qui a été très courageux mais qui est aujourd'hui déçu de ne plus être au premier plan». Son patien