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Soupçons de prion dans les graisses

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Elles vont être retirées de l'alimentation bovine.
publié le 25 octobre 2000 à 5h45

Les vaches de France et d'Europe en général mangent aujourd'hui encore des produits d'origine animale. Très précisément, des graisses de ruminants. Environ 90 000 tonnes par an. Si, depuis juillet 1990, les farines animales sont interdites au nom de la chasse au prion, les graisses, elles, sont licites. Car les farines, riches en protéines, sont réputées susceptibles de cacher des prions, protéines infectieuses tandis que les graisses, matières lipidiques, sont théoriquement au-dessus de tout soupçon. En pratique, elles sont extraites de viandes et d'os, selon une cuisine grossière qui ne prétend pas filtrer les protéines et a fortiori les infimes prions bovins ou ovins. Les graisses dites de cuisson ne sont d'ailleurs que le produit du pressage... des farines carnées. Peut-on accepter cette grasse béance dans les filets antiprions?

Quatre ans plus tard. Qu'on se rassure. Les graisses de ruminants devraient être, prochainement, bannies de l'alimentation du bétail hexagonal. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a donné hier son accord à deux projets d'arrêté dans ce sens. Il était temps. Le comité d'experts sur les encéphalopathies spongiformes avait, dès 1996, proposé l'interdiction des graisses animales dans l'alimentation des ruminants. Quatre ans plus tard, on y arrive. Après la chasse aux farines, celle au gras va commencer, mettant en lumière, au passage, quelques diverticules méconnus des flux de déchets animaux qui vont de l'abattoir à l'auge,