Le feu d'artifice procédural a été soigneusement mis au point. Alors que le procès tirait à sa fin, les avocats du PCF et du Gifco ont réclamé hier la récusation de la présidente de la 11e chambre correctionnelle, Sophie Portier. Pataquès garanti, d'autant que l'objection soulevée par la défense semble tenir la route. La présidente du tribunal est soupçonnée d'avoir préjugé l'affaire, «au sens étymologique du terme», précise Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, l'avocat du Gifco.
En janvier 1992, Sophie Portier était juge assesseur du procès Urba, pompe à finance du PS. A titre annexe, deux dirigeants d'une filiale du Gifco (Sud-Est Equipement, SEE), réputé être le pendant d'Urba auprès du PC, étaient également poursuivis. Ils ont été amnistiés, moyennant cette sévère admonestation : «Attendu que les factures émises par SEE étaient pour partie fictives, que ses clients avaient la conviction, jamais démentie, qu'elle était en relation avec le PCF ; attendu que la SEE participait comme Urba et dans des conditions équivalentes au financement direct ou indirect d'un parti politique.» C'est écrit pratiquement noir sur blanc : le Gifco est le financier occulte du PCF.
Conviction. Mais il y a un petit problème : autant les dirigeants d'Urba avaient admis financer le PS, autant ceux du Gifco ont toujours nié avoir financé le PCF. Les attendus du jugement de janvier 1992 semblent d'autant plus gratuits qu'aucun responsable communiste n'avait été entendu pendant l'instruction ou le procès