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Libération

Matzneff, finaliste contesté.

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Des spécialistes de l'enfance s'indignent de sa sélection pour le prix de l'Académie.
publié le 26 octobre 2000 à 5h47

«C'est moi la cible, c'est moi qui porte l'étoile jaune de l'immoraliste, mais quand j'aurai été détruit, de qui sera-ce le tour ?», dit Raoul, cinéaste, personnage du dernier roman de Gabriel Matzneff, Mamma, li Turchi ! L'exercice est connu. Une autobiographie romancée mais assez transparente, qui fait le héros, l'auteur donc, se plaindre de la confusion entre philopédie et pédophilie.

Raoul, Gabriel, dit aussi avoir été réduit au silence et offre dans ses pages la lamentation de l'homme qui porte «l'étoile jaune du pédophile que les médias lui avaient collée au front» et qui, de ce fait, était réputé «déjà socialement mort». Cette complainte de l'incompréhension aurait pu rester ignorée. Mais l'Académie française lui a donné quelque notoriété, en sélectionnant ce livre aux côtés, notamment, de l'oeuvre de Pascal Quignard (Terrasse à Rome, Gallimard) pour figurer parmi les finalistes retenus pour le grand prix du roman.

Vie privée. Le vote des académiciens doit avoir lieu aujourd'hui, mais la polémique s'est développée avant le scrutin. Des associations ou spécialistes de l'enfance ont protesté à l'idée que Matzneff, qui autrefois ne faisait pas mystère de sa vie privée, puisse ainsi être récompensé. «Vous ne pouvez ignorer, mesdames et messieurs les académiciens, que Gabriel Matzneff, de longue date, se vante publiquement, écrit en toutes lettres, persiste et signe, qu'il séduit les enfants, les conduit à sa couche, les sodomise (...)», écrit ainsi Pierre Lassus, psychanaly