Cadillac (Gironde) envoyée spéciale
Claude Baudoin, 50 ans, a passé dix-sept ans de sa vie enfermé en hôpital psychiatrique, dans les unités réservées aux malades difficiles. Ceux qui le soignent le considèrent comme un «homme dangereux». Christian Bernardet, mandataire de la Cour européenne des droits de l'homme, estime que son internement est «illégal» parce que, selon lui, ses problèmes paranoïaques «ne relèvent pas d'une pathologie mentale». Et que «les unités de malades difficiles (UMD) n'ont pas pour fonction d'enfermer les gens dangereux mais de traiter les troubles mentaux graves».
«Emmerdements». Une procédure a été engagée auprès de Bruxelles pour obtenir une révision de son cas. Hier, le mandataire européen s'est rendu à l'UMD de Cadillac, près de Bordeaux, pour rencontrer Claude Baudoin et faire le point sur l'évolution de son dossier. Sa visite, qui se double d'une étude de terrain plus globale sur les centres psychiatriques en France, a fait soupirer le personnel d'encadrement: «Ce sont les emmerdements qui commencent», disait-on à voix basse à son arrivée.
Car Christian Bernardet est connu comme le loup blanc dans les hôpitaux spécialisés. D'abord parce qu'il a longtemps milité au sein du Groupe information asile, très critique vis-à-vis du système français, ensuite parce qu'en 1997, il a obtenu que Bruxelles condamne Paris pour «internement arbitraire» dans un autre dossier. Sa mobilisation pour Claude Baudoin, lui-même considéré comme un redoutable procédurier,