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Libération

Vache folle: un juge des Vosges s'en prend à l'Etat

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Des dérogations pour l'importation de farines animales auraient été largement accordées.
publié le 28 octobre 2000 à 5h57

Quelle est la responsabilité des pouvoirs publics français dans le développement de l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine sur le territoire national? Alors que la France a enregistré vendredi son 158e cas de vache folle depuis 1991, cette question est posée pour la première fois, et de façon spectaculaire, par la justice. Comme l'a révélé hier le quotidien vosgien la Liberté de l'Est, le tribunal de grande instance d'Epinal a sommé les ministères de l'Agriculture et de l'Economie de fournir «avant le 1er décembre» tous documents relatifs aux importations de farines de viande autorisées au cours des années 1990-1994. Le but de cette ordonnance est de déterminer dans quelle mesure ces importations ont contribué à la contamination par le prion des aliments donnés aux bovins.

Réaction molle. Pour comprendre toute l'importance de cette démarche, un retour en arrière s'impose. En 1988, la Grande-Bretagne interdit les farines carnées à ses bovins et en poursuit l'exportation avec un grand cynisme (1), sous l'oeil bienveillant de Bruxelles. La France ne réagit à la menace représentée par ces farines issues du recyclage d'un cheptel bovin déjà très contaminé (209 cas d'ESB par mois en 1988) qu'en décembre 1989. Et mollement. Elle émet un «avis aux importateurs» qui interdit l'importation de farines britanniques, «sauf dérogations». Celles-ci seront accordées aux importateurs qui certifient que ces farines sont destinées exclusivement aux poulets et aux porcs. Que valent ces