Tribunal correctionnel d'Avignon
L'huissier est un homme jovial qui appelle les prévenus comme il annoncerait les candidats d'un jeu télévisé: «Venez par ici, s'il vous plaît, allons, approchez!» Trois jeunes s'avancent. Kheira était la petite amie de Karim, et Fatima est sa soeur. Ils ont volé un sac à main dans une galerie marchande. Dedans, il y avait un chéquier, avec lequel les filles ont fait des courses pour un peu plus de 1 000 F. Fatima, 27 ans, a deux enfants et vit du RMI. Kheira, 21 ans, a quitté ses parents «pour chercher un emploi sur Avignon». Karim a été interpellé le premier. «Et vous êtes allées toutes les deux spontanément au commissariat», raconte le magistrat. «Je pensais être aussi responsable que lui», murmure Kheira. Le juge insiste: «Quel profit avez-vous tiré de ce chèque de 707 F?» La jeune fille jure: «Aucun, c'était des habits pour lui.» «Moi, c'était de la nourriture pour 303 F», ajoute Fatima. Elles disent ensemble: «On regrette amèrement, c'est pas des choses à faire.» Le juge se tourne vers Karim. «Vous avez déjà été condamné deux fois, comment expliquez-vous ces faits?» Karim ne sait que dire. «C'est une erreur», lâche-t-il. Le procureur fait la grimace. «Courageusement, il a envoyé les deux femmes acheter des produits avec les chèques falsifiés!» Trois mois ferme pour Karim et 1 500 F d'amende pour les filles.
C'est le tour de Rémo, un petit homme musclé. «Je suis retraité de l'armée et je touche 5 200 F de pension par mois plus 1 800 F d'inv