Depuis le 22 octobre, quand il fut contraint d'écourter son voyage au Japon pour revenir en France en catastrophe, le PDG de Carrefour fait des cauchemars. Tétanisé par l'affaire de la vache folle distribuée par erreur chez Carrefour avant d'être retirée d'urgence de ses linéaires (Libération du 24 octobre), Daniel Bernard et son équipe partagent ces jours-ci une grande partie de leur temps entre les réunions de direction internes et les contacts aussi discrets que fréquents avec le ministère de l'Agriculture. Avec une obsession: «Carrefour ne peut pas se payer une deuxième crise d'ESB dans ses rayons: nous avons une responsabilité et des valeurs à défendre auprès de nos consommateurs. Des décisions ultrastratégiques vont devoir être prises dans les jours qui viennent», résume un proche du PDG.
Argument commercial. Du coup, le numéro deux mondial de la distribution étudie à la loupe tout ce qui tend à une meilleure sécurité pour sa viande de boeuf. Sécurité qui devient plus que jamais un argument commercial, alors que la consommation chute régulièrement (-11 % depuis 1990). Surtout quand Auchan, le grand concurrent de Carrefour, lui aussi client de Soviba, l'abattoir d'où venait la viande contaminée il y a dix jours, paraît un peu en retrait dans cette affaire. Pour tenter d'échapper à la malédiction de la vache folle, Carrefour explore au moins trois pistes.
La première consisterait à concentrer les achats de viande de boeuf française sur les jeunes bovins. Avantage: il ne se