Une fourgonnette se gare en marche arrière devant le 133 bis, rue de l'Université, dans le VIIe arrondissement à Paris. Il est 11 heures, hier, on sonne au siège de l'UDF. Le portail noir s'ouvre. La voie est libre pour les dix militants du mouvement Démocratie pour le pays basque, qui s'empressent d'ouvrir les portes du véhicule: à l'intérieur, il y a sept brebis, un bouc, un porcelet, cinq poules, deux canards qui bêlent, piaillent tandis que les «Démo» les conduisent vers les bâtiments du parti centriste. Transporter la campagne à Paris n'est pas évident, surtout pour une opération qui se veut spectaculaire et non-violente. Les moutons sont tétanisés; un grand gaillard les harangue en basque pour leur faire franchir le porche. Les brebis trottinent sur les pavés mouillés vers les portes vitrées de l'UDF au milieu des poules qui cherchent déjà de quoi becqueter. Les locaux du parti présidé par François Bayrou se transforment en une basse-cour confuse. Une jeune femme panique à la vue de ce débarquement agricole. Elle répète qu'elle est enceinte, avant de se réfugier derrière une porte. Les «Démo» lui disent qu'ils sont «pacifiques». Ils vident par terre de grosses balles de peaux de mouton malodorantes, des épis de maïs. Un garçon revient avec un panier de châtaignes joliment arrangé qu'il dépose sur une marche.
«Grouik, grouik». Passé la stupeur, le personnel de l'UDF veut comprendre à quoi rime tout ce déballage pastoral. Jean-Noël «Txetx» Etcheverry lui explique que les