Roubaix envoyée spéciale
«Si tous les parents de la terre éduquaient mieux leurs enfants, cet homme serait vivant.» Le petit carton a été agrafé sur le papier Cellophane du bouquet, près de la photo de Frank Tavernier. Au pied de l'Escalator de la station de métro Epeule-Montesquieu, à Roubaix, dimanche dernier vers 18 heures, Frank, 23 ans, s'est écroulé sous les yeux de sa fille de 3 ans, poignardé par un adolescent de 16 ans. Un regard de travers, des insultes, les coups. L'adolescent a été mis en examen pour assassinat et un jeune de 13 ans pour complicité d'assassinat.
Exaspération. Depuis, des habitants de Roubaix et de Croix défilent devant les roses, les chrysanthèmes et les bougies déposés en bas de cet Escalator. Il se trouve que la victime est française de «souche» et que le jeune qui a porté les coups de couteau est d'origine maghrébine. Et que le quartier rumine son exaspération, avec des questions latentes. On parle de crime raciste. «Si ça avait été l'inverse, Roubaix aurait été à feu et à sang», souffle une habitante.
Cet assassinat va-t-il ouvrir les vannes? Des Français «de souche», des Maghrébins, des Portugais, des mamies, des parents, des jeunes filles éplorées défilent dans la station de métro. Les langues se délient. Une patrouille de CRS circule en permanence. Dans la rame, deux jeunes haussent les épaules: «Je m'en fous du meurtre. Du moment que ça arrive pas à ma famille.» En surface, Mohamed, bonnet enfoncé jusqu'aux yeux, serre les dents: «Si on nous