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Libération

Le DAL, dix ans avec les sans-toit.

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L'association a rendu «visibles» les oubliés du droit au logement.
publié le 4 novembre 2000 à 6h09

Une adolescente se lève, elle parle au nom de sa mère, qui lui souffle en arabe: «La place où l'on mange, c'est la place où l'on dort. On n'a même pas un coin pour faire nos devoirs. Depuis 1985, on fait des demandes d'HLM.» Elle se rassoit. Un père de famille, réfugié zaïrois, se lève à son tour: «On a été expulsés le 18 octobre parce que je pouvais pas payer le loyer. Je dors dans la voiture avec mes trois enfants.» Dans les locaux de l'association Droit au logement (DAL), la gestion de l'urgence éclipse les préparatifs de la fête. Pour les débats, spectacles et autres réjouissances prévus ce samedi à la Cartoucherie à l'occasion des dix ans de l'association, il sera toujours temps d'improviser. Pour les familles expulsées quelques jours avant la trêve hivernale ou expulsables à partir du 15 mars, il faut s'organiser, vite. «On vous a réunis parce qu'on sait d'expérience que la lutte à deux ou trois, ça marche pas», articule Jean-Baptiste Eyraud, le président du DAL-Paris-Ile-de-France. «Vous êtes 54 familles, on va mettre en place un collectif qui va mener des actions jusqu'au relogement de tous. On ne s'arrêtera pas avant.» Hochements de tête dans l'assistance.

Cela fait donc dix ans. Dix années de campements sauvages, d'occupations, d'autoréquisitions, avec un mot d'ordre martelé: «Un toit, c'est un droit», et un refus radical du caritatif-palliatif. Annie Pourre, militante de la première heure et présidente du DAL-Clichy, résume: «Avant, la seule réponse, c'était la ges