«Pour comprendre la question posée par le cas de Nicolas Perruche, il faut rappeler que l'ensemble des juridictions de l'ordre judiciaire, du tribunal à la première chambre civile de la Cour de cassation, ont tranché la question de la responsabilité médicale, en estimant qu'il était légitime qu'il y ait une compensation pour les époux Perruche.
Aujourd'hui, il s'agit de savoir s'il est légitime que Nicolas soit indemnisé du fait que sa mère n'a pas pu avorter. Autrement dit, est-il légitime qu'un enfant puisse poursuivre qui que ce soit du fait de ne pas avoir été tué? Sur ce point, il existe une totale opposition entre les deux cours d'appel qui ont traité cette partie du dossier et la Cour de cassation. S'ils sont en opposition juridique, c'est en fait parce que le problème physique, éthique, philosophique, sociétal qui sous-tend cette question est énorme. Ce gosse a eu un préjudice abominable: il est incapable de subvenir à ses besoins. Qui va s'occuper de lui après le décès de ses parents? C'est la question. On peut déplorer que la société ne prenne pas mieux en charge les enfants handicapés. Au-delà, il faut avoir à l'esprit quatre points fondamentaux.
«Premièrement, si on reconnaît à l'enfant le droit à être indemnisé pour une faute commise quand il était un embryon, on lui reconnaît alors la qualité de sujet de droit à ce moment-là, une qualité identique à celle dont il dispose aujourd'hui. Cela peut remettre en cause tout notre droit relatif à l'IVG. Et cela remet en c