Tribunal correctionnel
de Paris
La présidente interroge Samir: «Vous êtes français! Pourquoi avez-vous dit être en situation irrégulière?» Le jeune homme se tient, tête penchée: «Ben, j'ai pas de passeport, pas de carte d'identité!» Il s'est fait arrêter à Issoudun pour un petit vol puis a été relâché. Il a aussitôt volé une voiture et s'est fait attraper dans Paris, à 160 km/h en sens interdit. «De quoi vivez-vous, demande la présidente, du RMI?» Samir dit: «Je suis clochard.» Il y a un mois, le tribunal l'a placé en détention provisoire et a ordonné une expertise psychiatrique. «Vous avez des problèmes importants, lit la juge, vous parlez de brouillard dans votre tête, mais vous êtes conscient d'avoir mal agi. Votre famille vous aurait mis à la porte?» Samir répond: «C'est moi qui suis parti, j'avais pas d'affaires.» La juge soupire: «Vous savez où est votre famille?» «Ça veut dire, jette l'étrange Samir, si je les vois ici c'est qu'ils sont en France!» Cette fois, la juge rit: «Vous êtes suivi par un psychiatre en prison?» Samir réfléchit: «Non, mais j'ai failli casser mon dos pour une histoire de lit.» La juge hoche la tête: «Ah, vous avez un lit de mauvaise qualité! Et comment voyez-vous l'avenir?» Samir ne sait pas, il lève le doigt. «C'est quand que je vais être en liberté? C'est possible d'avoir un essai dehors?» La procureur réclame «une mise en détention car, au moins, en prison, il est inoffensif pour la société». Six mois dont trois avec sursis, mise à l'épreuve et