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Libération
Interview

«Le styrène est relativement mal connu»

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publié le 7 novembre 2000 à 6h15

Daniel Cossa est directeur du département «polluants chimiques» à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Depuis le naufrage de l'Ievoli Sun, cet organisme étudie les différents scénarios de pollutions que pourrait provoquer sa cargaison de styrène, un composé aromatique (comme le benzène) d'origine naturelle utilisé dans la fabrication de plastiques synthétiques.

Comment réagit le styrène dans l'eau de mer ?

Il y a 80 000 produits chimiques sur le marché susceptibles d'être transportés par voie maritime, et on ne connaît pas toutes leurs propriétés. Celles du styrène sont relativement mal connues. Il s'agit d'un produit volatil, peu soluble, ou soluble en partie et biodégradable dans l'air et dans l'eau, qui peut se polymériser (se transformer en particules solides, ndlr). Mais on est assez mal documenté sur les conditions de température et de pression qui provoquent la polymérisation dans une eau salée. Celle-ci nécessite toutefois une «amorce» et est notamment favorisée en surface par la lumière du soleil.

A quels seuils le styrène peut-il représenter un danger pour les organismes vivants ?

Le styrène n'est pas considéré comme un produit extrêmement toxique pour les animaux en dehors d'une forte concentration ou d'une exposition prolongée, ce qui est a priori exclu dans le cas de ce naufrage compte tenu de sa biodégradabilité. Avec Météo France, nous avons travaillé sur la pire hypothèse d'une rupture brutale des cuves du navire et une dissol