Les policiers l'appellent la tricoche. C'est le mot qu'ils utilisent, entre eux, pour désigner leurs activités extra-professionnelles. Dans d'autres métiers, on parle de «perruque» ou de «ménage» pour décrire ces écarts rémunérés plus ou moins clandestins et plus ou moins tolérés par l'employeur officiel et permanent du salarié. Sauf que dans la police, le cumul d'activités est interdit par la loi. A moins d'avoir des dons littéraires ou artistiques (lire encadré). Pourtant, la tricoche est, sans doute, l'un des plus vieux métiers de la police. Un officier des Renseignements généraux (RG) croit se souvenir que le mot vient de «tricoter». Un ancien lui avait expliqué que c'est en quelque sorte une forme de tricot qui sévit dans les commissariats puisque certains y oeuvrent «une maille à l'endroit» pour l'ordre public et «une maille à l'envers» pour arrondir leurs fins de mois ou se constituer un «bas de laine». Longtemps, les tricocheurs furent surtout des travailleurs manuels: ils étaient maçons, peintres, mécaniciens après leurs services de «nuiteux» dans les commissariats. D'autres étaient déménageurs, chauffeurs de car ou encore livreurs. C'était l'époque où les gardiens de la paix avaient appris un autre métier avant d'entrer dans la police. «Parce que mon père m'avait dit "tu n'iras pas à l'usine comme moi". Pourtant, j'avais appris le métier d'ajusteur. Il m'a donné le choix entre la police et la SNCF», raconte un brigadier-chef, proche de la retraite. Par le passé, il
Enquête
Inspecteur la tricoche
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par Jacky Durand
publié le 8 novembre 2000 à 6h18
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