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Libération

Act-up martèle le dogme de la capote envers et contre tous

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Une «assemblée des pédés» enflamme le débat sur les pratiques à risque.
publié le 9 novembre 2000 à 6h21

A quoi sert Act Up, onze ans après sa naissance, après trois ans de trithérapie ? A réunir, dans une salle, quatre cents personnes qui se font la guerre, s'aiment, s'ignorent ou se détestent à mort et réussissent à faire émerger une parole d'une force rare. Mardi, l'association de lutte contre le sida avait pris un pari très risqué : convoquer une «assemblée générale des pédés» où il ne s'agissait pas, cette fois, d'attaquer les pouvoirs publics ou les laboratoires pharmaceutiques mais de parler du retour des pratiques à risque, du relapse (relâchement de la protection) ou du bareback (refus délibéré d'utiliser des préservatifs). «Aujourd'hui, nous nous tournons vers les homosexuels. Il est temps de parler», annonçait le tract.

Tract anonyme. Depuis un an, Act Up s'est engagé sur le terrain de la prévention et assume aujourd'hui le simplisme du message : la capote, toujours et pour tous. Ce combat est vécu, par certains, «comme une criminalisation des séropositifs». Ainsi, un tract anonyme invitait à boycotter les «sinistres réunions» d'une association d'«ennemis» : «La fête, le sexe et l'amour sont revenus au centre de nos vies, le sida en fait partie, mais nous dominons chaque jour davantage la terreur... Voilà ce qu'Act Up ne nous pardonne pas.» Une salle à moitié pleine, et c'était la preuve d'une coupure avec la communauté gay. Mardi, il y avait la foule des grandes années sida.

Les «idéologues» du barebacking étaient là, aux côtés de patrons de «bordels» gays, de cherche