Saint-Omer envoyé spécial
Dans une salle, il y a des adultes qui racontent des histoires à faire peur aux enfants. Dans une autre, leurs enfants mettent en scène, via des contes, ces mêmes histoires qui leur donnent des cauchemars. Et qui leur ont fait mal. A Saint-Omer (Pas-de-Calais), le Cap 2 est une association composée de psychologues, magistrats et éducateurs. Depuis dix ans, elle travaille sur le traitement des agressions sexuelles. Groupes de paroles pour aider les adultes. Thérapies par le conte avec les enfants. L'objectif ultime: briser la spirale qui fait que les enfants victimes deviennent à leur tour parents maltraitants. Tous ceux qui viennent ici ont une affaire judiciaire en cours. Aucun n'est auteur de l'agression, mais en est la victime, ou membre de l'entourage.
Suspicions. Dans ce groupe d'adultes, les cas sont très divers. Pour cette grand-mère, l'ennemi, c'est le gendre, militaire haut gradé qui a abusé de ses trois petits-enfants. Pour ce médecin de PMI (Protection maternelle infantile), le neveu est en cause. Il a violé sa fille. Pour cette maman enseignante, c'est sa meilleure amie, étudiante en psycho, qui a trahi. Elle a agressé sa fille des années de suite sans qu'elle ne s'en aperçoive. Pour cette autre maman, c'est le mari.
Si tous les cas sont singuliers, nombreux sont les invariants. D'abord, tous sont tombés des nues lorsqu'ils ont appris. «Je ne comprends pas comment je n'ai pas pu voir», dit la grand-mère. «Je suis vraiment passée à côté», co