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Libération
Portrait

Le transfuge du 8e bureau.

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Préposé pendant des années à l'éloignement des sans-papiers, Daniel Monédière sert désormais de conseil aux étrangers.
publié le 14 novembre 2000 à 6h32

Pendant des années, Daniel Monédière, chef du 8e bureau de la direction de la police générale à la préfecture de police de Paris, chargé des «mesures d'éloignement des étrangers», a expulsé les clandestins. Avec application. Il y a trois ans, il quitte momentanément l'administration, monte un petit cabinet de conseil juridique, et depuis... défend ­ ardemment? ­ les étrangers. Drôle de reconversion.

Ce fonctionnaire zélé a longtemps été la bête noire des avocats spécialistes du droit des étrangers. Daniel Monédière débarque à la préfecture de police de Paris en 1988, à presque 40 ans. Auparavant, il a travaillé en mairie et à différents postes de l'administration, où il s'est plutôt ennuyé. Il raconte qu'il a passé le concours de l'ENA, mais a été «fusillé au grand O», le dernier oral: «J'avais pas le style.» Après cinq ans au 9e bureau de la préfecture «Afrique-Maghreb-Europe», il passe chef du 8e bureau, dédié à l'éloignement des étrangers. «Là, on est plus impopulaire.» Le travail lui plaît. «Je me suis bien investi», dit-il aujourd'hui. Il apprécie la simplicité des situations: «Il y a des catégories: "Régulier" ou non, et des critères. S'ils sont irréguliers, les étrangers doivent quitter le territoire.» C'est sa tâche. Et, pour l'accomplir, «il faut un instinct de chasseur». «Je devais résoudre cette question: concrètement, comment fait-on pour faire monter quelqu'un dans l'avion?», résume-t-il. Mais est-ce qu'on est méchant pour autant?» Il s'en défend: «On a pu dire q