L'Europe de la bioéthique se mettrait-elle à exister? Elle vient en tout cas de donner un sérieux coup d'arrêt au «clonage thérapeutique». Hier, Noëlle Lenoir, qui préside le groupe européen d'éthique des sciences et des nouvelles technologies auprès de la Commission européenne, a été très claire: «C'est prématuré.» Dans un avis «sur les aspects éthiques de la recherche sur les cellules souches humaines et leur utilisation», le groupe a laissé néanmoins ouverte la possibilité de recherche sur les cellules souches.
Cette position, adoptée à l'unanimité par le groupe, est une réponse directe à l'annonce, en août, du gouvernement britannique. Le directeur de la santé britannique s'était alors prononcé en faveur de l'extension des recherches sur «le clonage thérapeutique des embryons humains», provoquant, sur le moment, une kyrielle de réactions très inquiètes. Qu'allait faire l'Europe? Allait-elle suivre l'exemple anglais et se placer en rangs dispersés devant les perspectives ouvertes par les recherches sur les embryons et leurs applications en thérapeutique?
Certes, la réponse que donne aujourd'hui le groupe européen d'experts est prudente, et ne se veut pas définitive. De plus, elle n'a aucune force de loi, puisque ce n'est qu'un avis transmis à la Commission. Il n'empêche, pour la première fois, un texte officiel européen décrit en détail ce qui est «éthiquement possible» autour des embryons humains. «Notre position est pragmatique», précise Noëlle Lenoir. Et de mettre en ava