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Libération

Une banque de Monaco aux yeux grands fermés.

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La justice lui reproche de n'avoir pas dénoncé l'argent sale.
publié le 15 novembre 2000 à 6h35

Monaco envoyé spécial

Quand Agatino Pedicone débarque en août 1998 à la banque du Gothard, à Monaco, avec ses valises remplies de millions de lires, personne ne tique. Un type qui se présente comme «expert-comptable à Palerme», avec un paquet de liquide, il ne faut pas l'effaroucher. On se doute bien que l'argent provient au minimum de l'évasion fiscale, et alors? Ce n'est pas illégal. Mais voilà: il y a un risque. Comme le rappelle hier le substitut Dominique Auter, «les circuits de fraude fiscale organisée et de blanchiment d'argent sont souvent les mêmes». Le respectable M. Pedicone blanchissait de l'argent, 6 millions de francs au total, pour un Colombien soupçonné de trafic de cocaïne. Le 10 octobre, Agatino Pedicone a été condamné pour blanchiment à sept ans de prison par le tribunal correctionnel de Monaco. Et, hier, quatre représentants de la banque du Gothard étaient poursuivis pour avoir omis de faire une «déclaration de soupçon» lorsque le Palermitain est arrivé avec ses liasses usagées.

Les quatre banquiers, donc, en costume sombre, font face à un Christ en croix, qui trône au-dessus du président du tribunal. Mais ils ne sont pas à confesse. Ils ne comprennent pas: ils n'ont fait que leur travail. Facile, aujourd'hui, de dire que Pedicone est louche. A l'époque des faits, ils ne pouvaient pas savoir. L'homme prétendait vouloir s'installer à Monaco. Philippe Ragot, le gestionnaire de compte, l'a donc accueilli sans sourciller.

Bizarre. Voilà la faute, pour le Parquet