Strasbourg
de notre correspondante
Ce devait être le renouveau de l'Ecole nationale d'administration (ENA), son sang neuf. Grâce à des bourses conséquentes (40 000 francs par an) délivrées à des étudiants démunis, méritants et provinciaux pour qu'ils puissent préparer le concours d'entrée à l'abri du besoin, la prestigieuse école de la haute fonction publique devait retrouver la vocation sociale de ses débuts et la considération de l'opinion. Elle devait en finir avec un recrutement unanimement jugé trop étroit et trop élitiste: en 1999, 80 % des reçus au concours étaient des enfants de cadres, parisiens, sortis de Sciences po.
«Méritants». «Pour renforcer la démocratisation de l'enseignement supérieur et le recrutement de certaines grandes écoles, il est nécessaire d'orienter des étudiants méritants issus de milieux modestes vers des concours ou des formations qu'ils n'auraient pas spontanément pensé à préparer», argue une circulaire du ministère de l'Education nationale, datant du 24 juillet 2000. Deux sortes de «bourse de mérite» ont donc été mises en place: les unes sont destinées aux bacheliers «mention très bien» de l'année 2000, qui s'engagent à préparer l'ENA, l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), une grande école scientifique ou des études médicales; les autres sont attribuées pour deux ans à des étudiants inscrits dans un centre de préparation à l'ENA.
Que répliquer à une telle générosité républicaine? Rien, si ce n'est que la réalité est plus triviale. Si les 12