Grenoble envoyé spécial
C'est une drôle de famille. Une famille où les hommes se jettent dans le vide. A Grenoble (Isère), chez les Traut, il y a le père, Patrice, 32 ans, qui a fait de cette drôle d'activité un gagne-pain. Plus de 10 000 sauts à l'élastique à son actif. Et un record du monde, avec en 1992, ce bond de 1 200 mètres depuis un hélicoptère. Ce jeune homme, qui se destinait à l'électricité, a préféré les fils du ciel aux prises de terre. A 16 ans, il faisait déjà des bonds du haut des ponts. Son petit Jérémy, bouille de 13 ans, a suivi la voie de son père il y a trois ans. Il dit: «Ça fait drôle d'être dans le vide. Au début, on a un peu peur. On a le coeur qui bat. Après, on est content. La deuxième fois, on sait ce qui va se passer. Tomber dans le vide. Faire des rebonds.» Après Jérémy, il y a Mike, 5 ans. Un gamin un peu casse-cou, doué pour l'escalade, qui conduit déjà le «quad» familial (moto à trois roues) avec une dextérité qui fait peur à sa mère. Mike boude un peu quand on lui demande d'évoquer ses sauts. La seule proposition qu'il concède est: «J'aime sauter.»
De foire en foire. Des sauts, Mike en a déjà effectué une trentaine, depuis une grue de 45 mètres. Comme il n'est pas loquace, Jérémy raconte à sa place: «Mon petit frère, il arrête pas d'en parler. Il dit: "J'ai envie de sauter." Des fois, le soir, quand il se couche il me dit qu'il rêve qu'il saute. Quand on est dans la chute, on sent plus rien.» Après ses exploits, la presse a surnommé Patrice «l