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Libération

Seckou cherchait l'expulsion mais trouve la prison.

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Pour rentrer gratuitement au Sénégal, il a cassé des voitures. Manque de chance, il est en règle et les juges l'ont incarcéré.
publié le 22 novembre 2000 à 6h54

Bordeaux correspondance

Seckou Sagna voulait rentrer chez lui, au Sénégal, retrouver ses racines, se «ressourcer». A 26 ans, tout va mal dans sa vie : ses ambitions de musicien, son ex qui lui interdit de voir son fils, ses finances à sec. Et impossible de trouver les fonds pour payer son billet d'avion. Il tourne en rond, contacte son consulat, téléphone à des amis. Le 4 novembre, place de la Victoire, au grand rendez-vous étudiant de Bordeaux, il disjoncte.

Coups de sac. Debout au milieu de la rue, il fracasse son sac de sport sur les voitures qui passent. Son but : se faire interpeller et expulser chez lui. Des histoires comme ça, on en entend tous les jours dans le quartier où il vit. Il se jette sur une première voiture, brise une vitre d'un grand coup de sac, tord le rétroviseur de la suivante, cabosse la portière de la troisième. «Je n'en peux plus, il faut trouver une solution», dit-il aux policiers qui l'arrêtent. Son plan échoue lamentablement : ses papiers sont en règle et le tribunal l'envoie en détention provisoire.

Quinze jours plus tard, lundi après-midi, le voilà devant ses juges, en audience de comparution immédiate, les pieds fichés dans le sol, le regard brillant, indifférent aux policiers qui l'encadrent. Persuadé que ceux qui l'écoutent vont le comprendre et l'aider à rentrer au Sénégal. «J'étais en plein désarroi, personne ne faisait rien pour moi, place de la Victoire, tous ces gens passaient et ne me regardaient pas», explique-t-il. Dans la salle, une do