La crise de la vache folle européenne viendra-t-elle au secours du boeuf américain? Beau paradoxe. «Nous allons importer davantage de boeuf américain sans hormones [...], le "Hilton beef"», a assuré hier, au Figaro, Pascal Lamy, le commissaire européen au Commerce. Alors que la France dit non au T. bone steak, elle devra donc dire oui au Hilton beef. Déjà importé en Europe à hauteur de 11500 tonnes par an. Un quota qui pourrait doubler. Qu'est-ce que le Hilton beef? Une viande quatre étoiles, «qui n'est pas à la portée de tous», reconnaît Lamy. Parce qu'elle est le fruit d'un élevage extensif et non intensif, comme c'est le cas du boeuf aux hormones. Mais qu'importe.
Car, en filigrane, c'est surtout l'idée de désamorcer un conflit saignant entre l'Europe et les Etats-Unis qui se profile. La guerre commerciale entre les deux poids lourds n'est pas confinée aux bovins (bananes, OGM ou Airbus-Boeing), mais l'embargo européen décrété en mars 1996 contre le boeuf aux hormones made in USA a entraîné une escalade dans la course aux représailles. L'an passé, les Etats-Unis ont appliqué, via l'accord de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), 116,8 millions de dollars de taxes-rétorsion aux importations européennes. Echaudés, les Européens avaient demandé le 17 novembre à l'OMC l'autorisation d'appliquer des sanctions contre les exportations américaines pour environ 4 milliards de dollars...
Remontés, les Américains devaient publier, le 18 novembre, une liste de sanctions supplément