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Libération

«Je suis quand même pas débile à ce point»Š 

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publié le 27 novembre 2000 à 7h03

Tribunal correctionnel

de Bobigny

Il est 19 heures 30, cela fait six heures que le tribunal siège et l'huissier apporte un tas de dossiers. «Ce sont les comparutions immédiates du jour», annonce la jeune procureur en se massant les tempes. Keita entre dans le box. Repéré par la police au volant d'une voiture volée, il s'est enfui à pied, a sauté une barrière. Son signalement a été diffusé et il a été arrêté plus loin par d'autres policiers. «J'ai vu une voiture sans gyrophare me débouler dessus, j'ai eu peur, j'ai pensé à une attaque, assure Keita, et puis j'ai vu un CRS, il m'a menotté, il m'a frappé.» Il jure qu'il rentrait, tranquille à pied chez lui, qu'il n'a pas volé la voiture. La juge est incrédule: «comment expliquez-vous que les quatre fonctionnaires qui vous ont vu au volant, vous aient ensuite reconnu formellement?» Keita se racle la gorge: «je n'aurais pas l'audace de dire que c'est un mensonge, mais enfin...». Les policiers ont décrit un grand Noir au blouson marron et Luis, celui à qui on a volé la voiture s'approche «c'est mon blouson, il est châtain clair, je l'avais laissé dans mon véhicule». La juge réfléchit. «Alors ce n'est pas celui avec lequel le prévenu a été arrêté, car il a le col et les manches de couleur crème.» La procureur confirme: «Je l'ai vu ce matin et il me semble effectivement différent.» La présidente se frotte les yeux: «à cette heure-ci, c'est difficile, mais nous allons faire monter ce blouson du dépôt». Un policier brandit une veste en