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Libération
Interview

«Avec le Subutex, ça roule tout seul et ça change des vies».

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publié le 28 novembre 2000 à 7h11

Le docteur William Lowenstein, directeur du service de médecine des addictions, au Centre Monte-Cristo de l'hôpital Laennec à Paris, revient sur la «révolution» du Subutex et dénonce le mythe de l'abstinence.

Quel bilan faites-vous du Subutex?

Parmi les 70 000 patients traités par le Subutex le bilan varie selon deux types de populations. Il y a d'abord les gens qui n'attendaient que le coup de pouce de la substitution pour sortir du chaos. Leur attente dépassait le seul objectif de ne plus être en manque. Avec un bon suivi du généraliste, des doses adaptées, un pharmacien accueillant, ça roule tout seul et transforme des vies. Pour ces patients-là, environ 80 % de la cohorte, les résultats sont spectaculaires. Leur état s'améliore, avec une réduction des risques en termes de santé individuelle et de rapports sociaux. C'est un véritable gain de santé publique. Et puis il y a 15 à 20 % de mesusage du Subutex, qui touche une population en situation d'errance et de précarité plus grande. Pour certains, une prescription de méthadone (voir de sulfates de morphine) serait plus efficace, mais le système français favorise la prescription de Subutex. Il faut continuer à travailler avec ces patients, qui ne vont pas toujours bien, en créant d'autres modes de prise en charge, notamment via une médecine de quartier, une santé communautaire.

On a évoqué des cas d'overdose au Subutex?

Sur la trentaine de cas d'overdose rapportés, 29 étaient liés à un polyusage intensif. Prendre cinq comprimés