Vol de robes noires au-dessus d'un nid de dettes. Depuis une semaine au tribunal correctionnel de Paris, le procès du galeriste Jacques Melki tourne au tohu-bohu, une dizaine d'avocats s'envoyant des dizaines de millions de francs à la tête. Hier, dans le calme, le procureur Pierre Genaitay a réclamé pour prix d'une banqueroute spectaculaire des peines de dix mois à trois ans de prison, assorties éventuellement de sursis à l'encontre de Melki et de neuf cadres bancaires, tenus pour complices.
Jacques Melki, flambeur des années 80, organisait dans sa galerie parisienne de remarquables expositions de Poliakoff, Magnelli ou Dubuffet. Juin 1990: le krach du marché de l'art met un coup d'arrêt à des années de folie. Comme un personnage de dessin animé, Melki continuait à courir au-dessus du vide. Il le raconte lui-même: «Je fais circuler des chèques (sans provision). J'ai droit à un découvert pour deux jours seulement, alors je dépose un chèque pour trois jours, et ainsi de suite. Les emprunts sont autant d'habillages de ventes fictives de tableaux, une banque permettant de régler une autre banque. Et j'amène tranquillement la société à 250 millions» de passif. «Mouvements fictifs, ventes fictives, tableaux fictifs, tout a fini par devenir fictif», s'exclame le procureur.
Dans sa fuite en été 1993, Melki a laissé un trou de plus de 300 millions. Appréhendé à Paris le 20 décembre 1994, il a déjà purgé une peine d'un an et demi en prison pour escroquerie au Trésor public et à l'une d